Laissez votre Garmin sur la commode de temps à autre…

Un beau 5,04 km en 31 min 42, un superbe 9,72 km en 56 min 26! La barre des 1750 km de course franchie en 2020! Malgré que vos statistiques personnelles ne m’intéressent pas, je souhaite tout de même vous dire bravo!  Bravo d’être sorti aujourd’hui.  Bravo d’avoir pris soin de votre santé en 2020.  Bravo pour vos beaux cils gelés et vos glaçons au bout du nez.  Bravo d’avoir donné l’exemple à vos enfants.  Bravo de contribuer à diminuer nos coûts de système de santé.  Puis si vous n’êtes pas sorti courir cette semaine, bravo quand même!  Ça arrive aussi aux meilleurs!

Que ce soit pour aller marcher, courir, grimper, sauter, pousser ou tirer de la fonte, il n’existe aucune mauvaise motivation à «gigoter».  Pour continuer et maintenir le rythme par contre, il en existe peut-être des plus essentielles que d’autres.  Les spécialistes en psychologie motivationnelle en ont long à dire sur ce sujet riche et important.  À cet effet, je vous invite à écouter l’épisode #11 en balado de Parle-moi de santé du 15 décembre dernier avec le psychologue Jacques Forest.  Et vous, quelle sont vos motivations intérieures?  Où est le Forrest Gump en vous?

La montre d’entraînement intelligente est au coureur, ce que la balance est à celui qui veut perdre 40 livres.  C’est-à-dire, un bon outil de mesure certes, mais un piège potentiel.  Sans vouloir démoniser votre Garmin, car il est bien clair que ce gadget aux multiples facettes est devenu un incontournable que ce soit pour améliorer vos performances ou comme outils de recherche, il semble aussi qu’il soit devenu un outil de culpabilisation, tout comme la balance peut l’être pour la personne obèse ou vivant avec un trouble alimentaire.  Quelle tristesse alors!

J’aimerais donc vous proposer l’outil le plus simple et le plus personnalisé qui soit.  J’ai nommé, « l’indice de fierté hebdomadaire ».  Le seul prérequis, laisser votre montre intelligente sur votre commode pour deux entraînements, ou plus, par semaine.  Il s’agit d’une méthode d’auto-évaluation alternative et voici les lignes directrices.

  1. Votre évaluation aura lieu une seule fois par semaine à une plage horaire précise.  Par exemple, le dimanche soir 21h.  La plateforme d’annotation vous appartient.  Il suffit de se mettre une alarme hebdomadaire.  L’avantage est évidemment l’absence de monitoring quotidien obligatoire.
  2. L’échelle numérique de 0 à 10 est utilisée.  Comme elle est simple, valide et qu’elle fait presque partie de notre code génétique, elle s’utilise presque instinctivement. 
  3. L’application de la règle du 80 : 20 prévaut.  C’est-à-dire que toute évaluation égale ou supérieure à 80% devrait vous être satisfaisante à 100%. 

Cette échelle vous offre également la flexibilité et l’avantage d’éviter le sentiment de culpabilité qu’impose parfois le besoin de performance.  La sensation de bien-être n’est-elle pas le but ultime?

  • Avec une évaluation hebdomadaire, vous avez le loisir d’être « paresseux » occasionnellement et de tout de même obtenir votre 80% par semaine.
  • Plus encore, une fois aux quatre semaines, une note de moins de 80% sera très acceptable et vous permettra d’être fier à 100%, à condition d’avoir obtenu une moyenne de 80% sur ces quatre semaines.  Après tout, à moins d’être payé pour courir, on a tous d’autres responsabilités que celle de se comporter en athlète, n’est-ce pas?
  • Également, un « Jocker » vous est offert puisque une fois par huit semaines, il y a une semaine qui ne compte même pas!  C’est tu pas « beautiful » ça?

Vous aurez compris que l’objectif de cette méthode alternative est de nous offrir un peu de liberté dans nos vies souvent trop contraignantes et déjà axées sur la performance.

Dans cette auto-évaluation, vous pouvez y inclure les critères que vous considérez importants à vos yeux comme bien sûr vos entraînements (vitesse, distance, parcours, sensations, etc.) mais aussi votre alimentation, votre sommeil, votre humeur et vos sensations. 

Pour la course à pied, un des autres avantages de cette approche est celui de nous ramener à nos sensations plutôt qu’à nos chronos. En effet, plutôt que penser à nos fréquences cardiaques, à nos calories, à notre VO2 et ses dérivés, pourquoi ne pas se laisser emporter par la légèreté que devrait nous apporter la course?  Ça c’est de la vrai LIBERTÉ, n’est-ce pas les enfants?

S’il est vrai qu’il y a aujourd’hui d’innombrables ressources sur les différents aspects de la technique de course à pied, il est aussi vrai que notre intuition sur la technique qui nous convient le mieux semble se perdre avec le temps.  La fréquence de foulée à 180 pas par minutes, éviter l’attaque du talon, ne pas croiser les bras devant sont autant d’éléments à considérer qu’à mettre à la poubelle quand pour les atteindre, le prix à payer est plus important que ses bénéfices.

Bref, bien que la montre intelligente puisse vous accompagner dans votre qualification pour Boston, jamais elle ne vous indiquera ce que l’entraînement ou le sport vous procure comme sensation de bien-être.  S’il est connu depuis des lunes que l’activité physique améliore les conditions de santé, comment se fait-il que tant de gens soient encore si sédentaires et malheureux?  Peut-être est-il temps de cesser de parler d’obésité et de tabagisme et plutôt de fierté et de bonheur?  Et vous, quel a été votre indice de fierté cette semaine?